Le Traité de Lausanne: Un Succès Diplomatique et un Cadre Juridique Permanent, discours prononcé à l’Université de Galatasaray, Istanbul, le 23 octobre 2008 (à 14.00 heures)

LE TRAITE DE LAUSANNE:

UN SUCCES DIPLOMATIQUE ET UN CADRE JURIDIQUE PERMANENT

Colloque “Orient et Occident“ organisé par l’Université de Galatasaray

İstanbul, le 23 octobre 2008

Je voudrais tout d’abord exprimer mes remerciements aux organisateurs de ce colloque pour m’avoir donné l’occasion de m’adresser à une audience aussi distinguée. Je suis également très content de partager avec vous mes observations en ce qui concerne le Traité de Lausanne, qui, à mon avis, est une page très particulière de l’histoire de la Turquie moderne.

Comme vous le savez, le Traité de Lausanne est le document légal constituant la République de la Turquie. Ce Traité reste toujours en vigueur et constitue la base principale de la Turquie moderne. Il y a bien sûr plusieurs autres traités qui constituent la base principale de plusieurs autres Etats et qui sont restés en vigueur jusqu’à nos jours. Mais la différence du Traité de Lausanne est qu’il est resté comme une garantie juridique de la Turquie dans une région sensible et instable, malgré les grands conflits comme la Seconde Guerre Mondiale, la Guerre Froide et des périodes des crises et turbulences régionales.

Je pense que ce serait plus facile de comprendre la particularité du Traité de Lausanne, en essayant de se rappeler la carte politique du monde des années 1920. Et il faudrait essayer de faire une comparaison entre la période où le Traité avait été signé et la conjoncture internationale d’aujourd’hui. Il y a deux éléments à retenir de cette comparaison:

a) Premier élément: La Turquie avait épuisé presque tous ses moyens: elle avait perdu presque les deux tiers de son territoire en une espace de temps de 5 à 7 ans, avec l’écroulement moral que cette perte apportait. Elle avait perdu une très grande partie de sa population jeune. Son économie était en ruine. Mais, elle a pu sortir de cette ruine et se dresser dans une période relativement courte.

b) Deuxième élément: La région du Moyen Orient, les Balkans et le Caucase ont subi un changement considérable depuis les années 1920, mais la Turquie  reste comme une île de stabilité parmi ces régions bouleversées depuis qu’elle a été créée par le Traité de Lausanne.

Nous ne sommes plus aujourd’hui dans la période d’après la Première Guerre Mondiale Ni l’Union soviétique ni les pays qui étaient ses satellites  se maintiennent aujourd’hui. Presque toute la région, les régimes des pays de l’Europe de l’Est, ainsi que ceux du Proche Orient et du Caucase ont changé à l’issue des guerres, révolutions et conflits.

Malgré tous ces changements, la République de la Turquie et le régime fondé par Mustafa Kemal Atatürk continue à exister sans changement. La Turquie en tant qu’un pilier de stabilité et de sécurité est maintenant un pays démocratique en voie devenir membre de l’Union européenne. La raison principale de cette stabilité est les principes sur lesquels la jeune république avait été fondée. Le Traité de Lausanne constitue la dimension internationale de ces principes fondamentaux. Pour cette raison, le Traité de Lausanne est également un succès de la diplomatie.

Pour bien concevoir toutes les dimensions de ce succès, il faut le comparer aux autres traités semblables de l’époque suivant la Première Guerre Mondiale, notamment les Traités de Sèvres, Versailles, Neuilly, Trianon. Il est difficile de comprendre exactement l’importance du Traité de Lausanne sans étudier le Traité de Sèvres quisignifiait la fin de l’Empire ottomane. Le Traité de Sèvres, qui n’avait jamais été ratifié ni par l’Empire ottoman  agonisant ni par la Turquie républicaine, est le document de la dissolution de l’Empire ottomane. Ce traité ne prévoyait presque rien pour les Turcs. Pourtant le Traité de Lausanne a remplacé celui de Sèvres et a établi un Etat qui a rendu la dignité à son peuple. Cette auto-confidence et dignité ont été démontrées au monde entier au cours de la guerre d’indépendance.

Ce qui rend le Traité de Lausanne plus particulier est le fait qu’il soit négocié entre deux parties égales, tandis que les autres traités susmentionnés étaient imposés unilatéralement par les puissances vainqueur. Le caractère imposé des autres traités signés à la suite de la Première Guerre Mondiale a constitué éventuellement la raison principale de la Deuxième Guerre Mondiale, donnant lieu aux revendications révisionnistes et irrédentistes. Un traité de paix peut contenir les germes d’une autre guerre au cas où les droits des toutes les parties ne seraient pas proprement respectés.

Le Processus des Négociations

Le processus des négociations entre les représentants de la jeune Turquie d’une part et ceux des grandes puissances de l’autre, n’était pas facile. Il était dur et long. La conclusion du Traité n’était pas facile à aboutir. Les négociations étaient interrompues une fois portant un risque de la reprise des hostilités militaires. Parce que, d’abord les négociations visant à signer un nouveau traité  ont été perçues par les puissances alliées comme un simple exercice de la révision du Traité de Sèvres. Quant au Gouvernement d’Ankara, il avait toujours l’intention de remplacer le Traite de Sèvres par un tout nouveau traité et retracer les frontières ainsi que rédiger le statut de la nouvelle République de la Turquie.

En effet, les frontières ont été déjà délinéées sur le champ de bataille et les dirigeants de la nouvelle république avaient déjà bien précisé leur volonté explicite de participer à la communauté internationale comme un membre à part entière, égal et sans conditions restrictives de la souveraineté et l’indépendance. Une fois que les puissances alliées ont bien compris l’intention véritable d’Ankara et ont accepté l’égalité de leur interlocuteur, les revendications d’Ankara ont été reçues avec plus de souplesse. Ce résultat avait été obtenu grâce à la vision réaliste et pragmatique du gouvernement d’Ankara. Sur le plan national les dirigeants d’Ankara ont dû résister aux demandes maximalistes des groupes d’opposition au sein du parlement de la nouvelle Turquie. Ces dirigeants étaient bien conscients des limites de leur pouvoir et moyens politiques, économiques et militaires.

Dans un tel contexte, il faut bien étudier et analyser le Traité de Lausanne pour comprendre la naissance de la Turquie républicaine et les conditions dans les quelles ses fondateurs se trouvaient, ainsi que leurs prévisions et  idéaux pour l’avenir.

Pour mieux comprendre certains conflits et problèmes actuels dans la géographie ottomane, il serait utile d’étudier les circonstances dans lesquelles le Traité de Lausanne était négocié et le processus des négociations.

Une paix et une stabilité relative se sont établies dans des régions où le Traité de Lausanne avait  tracé les frontières. La  paix et stabilité n’ont pas pu s’établir là où un tel cadre manquait.

Je ne veux pas entrer dans les détails des dispositions du Traité, parce que  je ne suis pas un expert dans ce domaine.

En concluant mes observations j’aimerais remercier encore une fois les organisateurs de cette conférence pour leur initiative, ainsi que les panélistes et les participants pour leur présence.

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